Un monde meilleur

Publié le par Kevin Verdure


Un enfant peut-il, grâce à sa propre vision du monde, trouver un remède pour que les choses changent?


J'ai longtemps hésité à classer cet article dans la catégorie ciné ou société. Car c'est un film de société. J'entends par là que contrairement aux films "pop-corn" où le but est de se divertir un court moment pour l'avoir oublié le lendemain, Un monde meilleur est un film qui nous touche et, surtout, qui nous fait réfléchir. On ne sort pas indemne de ce récit. Il nous poursuit jusque dans notre sommeil et nous condamne à nous poser tout un tas de questions. L'ingrédient essentiel d'un film excellent me semble-t-il.

C'est à ce titre que cette critique se démarque des autres. Elle requiert une mise en contexte susceptible de vous égarer au départ, mais dont la conclusion dévoile un lien évident avec le film en question.

Par rapport à cette mise en contexte, j'aimerais tout d'abord faire référence aux personnes âgées. On entend souvent "Dans quel monde on vit!", "Il n'y a plus de jeunesse!",...face à la redondance de leurs propos, nous avons inconsciemment programmé une 'playlist' d'attitudes à adopter telles que l'ignorance, la moquerie ou une hypocrite empathie. C'est tellement plus simple. Mais la réflexion l'est beaucoup moins! Pourquoi nos grands-parents répètent-ils ça à longueur de journée? Il est évident que nos aînés ont un avantage certain par rapport à nous, jeunes adultes: le recul. Etant né dans un monde aux valeurs différentes, ils ont vu les choses se dégrader au fil du temps. Leur expérience de vie mérite notre respect et notre attention.
Celà veut-il pour autant dire que nous sommes moins lucides que nos aînés? Peut-être pas. Par contre, ayant eu le malheur de naître dans CE monde là, celui qui semble pourrir d'année en année,nous essayons de nous protéger par le biais d'un 'faux-positivisme'. Bien conscients du malheur qui nous entoure, le premier réflexe est de s'engluer dans un train de vie quotidien en n'oublaint jamais de mettre nos oeillères. Réduire l'angle de vue pour ne voir que soi, son confort matériel et considérer, de ce fait, que "le monde n'est pas si mauvais que ça". C'est l'origine même de ce que certains ont appelé la société individualiste. Celle d'aujourd'hui.

Le contexte n'a jamais été aussi propice à l'accomplissement de bonnes actions (les BA dans le langage courant). Face à une société devenue violente et égoïste, on peut se donner l'illusion de contribuer à un monde meilleur. En tenant la porte à une vieille dame, en aidant une mère à descendre la poussette d'un bus, par de simples 'bonjour', 'merci',... .C'est là, j'y viens, que le film de Mimi Leder suscite mon admiration. L'essentiel n'est pas forcément d'épiloguer sur la nouvelle performance du jeune Haley Joel Osment ou sur l'interpretation efficace d'un Kevin Spacey rongé par certains évènements du passé. Retenons juste le fil rouge du film: l'audace et la persévérence d'un enfant qui, suite à un devoir d'école, trouve une idée originale apte à offrir une vie meilleure aux gens qu'il aime. Un délice d'imagination récompensé par des répercussions bien plus importantes que prévues, une idée simple basée sur la concession et la reconsidération des principes encrés en chacun de nous.
De nombreuses critiques par rapport à ce film ont souligné, négativement, sa logique utopique. Bien sûr qu'elle l'est. Dans son déroulement du moins. Mais deux choses me font réagir à ces dires. D'une part, l'issue (inattendue) de cette oeuvre nous rappelle que changer le monde semble bel et bien impossible, M. Leder nous ramenant brutalement à la réalité. L'utopie n'est donc plus de mise. D'autre part, même si Un monde meilleur emprunte au rêve, n'est-ce-pas une des finalités du cinéma? C'est même ce qu'il peut nous offrir de plus beau. Quitte à espérer dans le vide, pourquoi ne pas rêver...à un monde meilleur.


Date de sortie: 28 février 2001
Réalisé par
Mimi Leder
Avec Kevin Spacey, Helen Hunt, Haley Joel Osment.
Film américain
Genre: Comédie dramatique
Durée: 2h03
Année de production: 2000
Titre original: Pay it forward
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